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PATRICIENNE

Pâle, appuyant son sein gros de sanglots pesants
Au balcon dentelé que la lune caresse,
Près de son vieil époux très las, la Dogaresse
Courbe sous l’air du soir la fleur de ses seize ans.

Elle songe, parmi les envoyés Pisans,
À ce seigneur qui, beau d’orgueil et de paresse,
Chaque jour à Saint-Marc attend qu’elle paraisse.
Et lui trouble le cœur de rêves épuisants.

Mais, fière de son rang et digne de sa race,
Elle n’admettra pas qu’un désir la terrasse :
Pas de tache au blason des Sénateurs défunts !...

La lagune dormeuse a des chansons câlines,
La nuit flambe, et le vent, alourdi de parfums,
Passe, apportant des sons vagues de mandolines.



Vìctor D'Auriac


«Renaissance» (1887)

español Traducción de Ismael Enrique Arciniegas

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