Il n’y a que deux pays: celui des biens portants et celui des malades
on peut un temps jouir de la double nationalité
mais, à force, ça n’a pas de sens
Ça fait mal de se séparer, petit à petit, des biens portants avec qui
nous continuerons à être liés, jusqu’à la mort
séparément liés
Avec les malades se forme une complicité croissante
qui ne ressemble en rien à l’amitié ou l’amour
(ces mythologies qui donnent leurs derniers fruits à quelques pas de la hache)
On commence à envoyer et à recevoir des messages de nos vrais
concitoyens
un mot d’encouragement
une brochure sur le cancer
Enrique Lihn
Traduction Française par seulelavoixdemeure.blogspot.com