CHANSON DE SERGE STEPANSKY
A Hernando De La Calle
Au détour de chaque chemin
puisse la vie m’offrir un merveilleux amour:
et un verre d’eau-de-vie, d’absindie ou de vin,
d’arack ou vodka, kirsch ou genièvre;
un vers libre —audacieux comme l’autour—,
une chanson, un parfum câlin,
un griffon, un gerfaut, un hibou, une couleuvre...
(et ce merveilleux amour, ce mervcilleux amour, ce mervcilleuxamour!)
Au détour de claque ruelle
puisse la vie m’offrir une chance rare:
—avec mom tabard en pièces, une vieille bouffarde,
mon sinistre chapeau et mon acéré regard de travers,
errer en pleine nuit sous le soleil endeuillé:
chauve-souris macabre, corneille sorcière,
déambuler, divaguen, ribouldinguer au rythme de ma
fantaisie...
(et une chance rare, une chance rare, une chancerare!)
Au détour de claque sentier
puisse la vie m’offrir cette femme:
et un horizon pour ma soif d’aventures,
une musique intense en sillonnant leurs flots,
un jour court, une aube lente,
un silence appesanti, âpre et austère,
la solitude aux pupilles rondes...
(et cette femme, cette femme, cette femme!)
Au détour de claque venelle
puisse la vie m’offrir le hasard ivre:
absorbè devant le mírage qui s’embrouille en mes yeux
que je vibre —Prométhée avec ma torture angoissante—;
devant mes yeux fauves que brille la mer cuivrée:
puisse son chant étouffer mon cri dans mes oreilles!
et sa furie froide et avide exalter mon délire...
(le hasard ivre, le hasard ivre, le hasard ivre!)
Et au détour dc chaque chemin
puisse la vie m’offrir “une belle mort”:
qu’une balle ébouriffe le fin duvet de ma poitrine,
qu’un poignard effilé fracasse ma tempe hardie etfragile:
—l’opiniâtre va-et-vient de ma lassitude:
fabrique de rêves —trésor d’Aladin—,
ma vie trouble et lente, mon illusion tendue et agile...—
(une belle mort, une belle mort, une belle mort!)
Netupiromba Finado 18 noviembre, 1931
León de Greiff
Traduit par André van Wassenhove
Biblioteca Virtual Luis Ángel Arango: http://www.lablaa.org/blaavirtual/literatura/antolo/antol38.htm