ESQUICIO
TOCCATA (NUIT BRUNE)
Redis-moi, Brune, tout ce que tu disais.
Pusque je suis la niut, ouvre les yeux.
Ferme les yeux, ferme-les, parce que je suis le jour.
Redis-moi, Brune, ta chanson.
Puisque je t’aime, laisse-moi aspiret ta penséevaporeuse
Si je ne t’aimais, tu m’aurais bien donné ton coeur.
Redis-moi, Brune, ta lumière et ton mensonge.
Puisque je ne te crois, ce seta une belle histoire.
Si je te croyais, tu ne serals, oui tu ne serais que toi-même
Redis-moi, Brune, ta sede douleur.
Si tu es á un autre, donne-moi tes lèvres sèches.
Si tu étais mienne, je te ravirais les lèvres humides.
Redis-moi, Brume, ta douleur.
Si tu es á un autre, donne-moi, donne tes lèvres;
Si tu etais mienne, je te donnerais ma pitié.
Redis-moi, Brune, redis, redis-le moi.
Puisque je suis Gautama, c’est bien ègal.
C’est bien ègal: je suis Haroun-al-Rachid.
C’est ègal, ma Noire Schéhérazade,
mon Obscure Dinarzade c’est ègal.
Mais donne-moi, donne á baiser ta bouche.
Redis-moi, Brume, ta rapsodie.
Puisque je suis la nuit, ouvre les yeux.
Mais je suis le jour: prête-moi ta bouche.
Ouvre les yeux pour voir la nuit,
si tu ne m’aimes pas. Puisque tu m’ aimes,
ouvre les yeux... pour voir la nuit!
Danse, ma Brune, Danse, ma Tanagra,
ma Figuline: ondule ton corps sobre:
toi, pudique, sous tes sept voiles,
si tu es á un autre, je te verrai nue...
Mais si tu | es mienne, ô mienne, danse sans voiles:
Je suis Gautama, Gautama, Bouddha lui-même!
Medellín, noviembre 1927 noviembre 1928
León de Greiff
Traduit par André van Wassenhove
Biblioteca Virtual Luis Ángel Arango: http://www.lablaa.org/blaavirtual/literatura/antolo/antol38.htm